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Alors que le Sigui Sport pensait avoir rempli toutes les conditions nécessaires pour accéder à la D3, un changement de formule en fin de championnat a bouleversé la donne. Son président, Messou Kouablan, s’insurge contre des pratiques qu’il qualifie d’« injustes » et « préméditées ».
La saison 2023-2024 du Sigui Sport de Gouméré s’est achevée dans la douleur. Alors que le club croyait avoir validé son ticket pour la division 3, la Fédération Ivoirienne de Football (FIF), par l’intermédiaire de la Ligue de football amateur, a modifié les critères de promotion à la toute fin du championnat. Cette décision a privé l’équipe de son ascension, suscitant une vive amertume chez son président, Messou Kouablan.
« C’est une situation que je redoutais », confie-t-il, joint le mercredi 14 mai 2025 après la défaite de son club face à Max United (0-1) lors du championnat interligues, une compétition instaurée par la Ligue de football amateur à la dernière minute. « Deux jours après la fin du championnat, on nous annonce un changement des règles du jeu. J’avais pressenti que quelque chose se tramait en coulisses », déplore-t-il. Malgré ses efforts pour anticiper cette situation, notamment en rencontrant plusieurs responsables de la FIF, le verdict est tombé : le Sigui Sport restera en division régionale. Pour Messou Kouablan, cette volte-face n’a rien d’un simple hasard. « Les équipes devant monter en D3 ont été choisies à l’avance », affirme-t-il, dénonçant un système « opaque » et gangrené par le favoritisme. Diriger un club amateur en Côte d’Ivoire est un véritable défi. Sans subventions, les présidents doivent souvent puiser dans leurs propres ressources. Cette saison, Messou Kouablan affirme avoir investi près de 37 millions de FCFA, contre 22 à 23 millions, l’année précédente. Une somme conséquente pour un résultat qu’il juge injustement confisqué.
« La vraie question est peut-on continuer à investir autant pour en arriver à ce genre de désillusion ? », s’interroge-t-il. Malgré tout, il refuse de baisser les bras. « Je suis un compétiteur. Je ne renonce pas. L’an prochain, je vais élever le niveau de la ligue amateur. »
On ne change pas les règles en cours de match
Ce qui exaspère le plus, Messou Kouablan, c’est le manque de transparence au sein de l’institution. « Si certains clubs doivent être favorisés, qu’on l’assume dès le départ », lance-t-il avec colère. « Qu’on donne des consignes claires aux arbitres, qu’on fasse systématiquement gagner ces clubs. Là , ils perdent toute crédibilité.»
Malgré cet échec sportif, Messou Kouablan tire quelques motifs de satisfaction. Son équipe a « tout donné », et il envisage désormais d’officialiser le statut des joueurs en leur attribuant un salaire. Une première en trois ans. « Ils ont fait preuve de sérieux et de détermination. Pour moi, c’est très encourageant », souligne-t-il.
Cependant, la défaite a laissé des traces. « J’ai vu des jeunes pleurer. Ça m’a profondément bouleversé. Tout ça pour satisfaire certains intérêts… C’est dur à encaisser. »
Malgré les obstacles, Messou Kouablan reste déterminé à reconstruire et à revenir plus fort la saison prochaine.
Ange Kouadio
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