Dr Niamien Guy Roland, chef de bureau sous-national Korhogo de l’Unicef en Côte d’Ivoire. (Ph: Dr)
En 2017, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a ouvert un bureau dans la région Nord. Son représentant dresse ici un bilan des activités réalisées. Il évoque également les perspectives et les défis à relever.
L’Unicef a ouvert un bureau dans la capitale du Poro, Korhogo. Quelles sont les principales motivations à la base de la mise en place de ce nouveau détachement ?
Le bureau de Korhogo en termes d’effectif est passé de 2 en 2017 à 7 en 2020 puis 20 personnes actuellement en 2025. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cet effectif est en forte croissance, au fil des années. Quelles sont les raisons ?
Ce bureau couvre 8 régions du Nord, du Nord-Est et du Centre Nord, à savoir le Poro, le Tchologo, la Bagoué, le Bounkani, le Gontougo, le Hambol, le Gbêkê et le Béré. De ce fait, l’opérationnalisation de la présence sur le terrain par les bureaux sous nationaux a été identifiée comme une stratégie pertinente pour assurer un meilleur suivi des programmes et en maximiser l’efficacité tout en donnant à l’Unicef Côte d’Ivoire un avantage comparatif significatif, reconnu par les partenaires et les parties prenantes.
Compte tenu de ce vaste champ d’intervention, il va sans dire que les principales actions menées par l’Unicef à Korhogo sont énormes. Pourrait-on avoir un aperçu au cours de l’année écoulée ?
Le Bureau Sous National de l’Unicef Korhogo a mené plusieurs actions en 2024 dans les zones couvertes au niveau du Nord à travers tous les programmes qui sont délivrés, je pourrais en citer quelques-unes : au niveau du secteur de la santé, on a mis en service une unité Smk (Soins mère kangourou) à l’hôpital Général de Ouangolodougou, après celles de Korhogo et de Ferkessédougou. D’autres suivront cette année 2025 à Kong, Nassian et Bouna. Cela a déjà permis d’avoir un taux de survie de 94% des enfants prématurés et de petits poids de naissance pris en charge. Nous avons eu également la mise en œuvre de la digitalisation des interventions de santé communautaire dans 5 districts sanitaires de la région du Poro avec la formation et l’équipement des infirmiers et agents de santé communautaires en smartphones/tablettes pour faciliter la prise en charge communautaire des maladies du nourrisson et de l’enfant.
A ce titre, vous avez mené plusieurs actions dans des secteurs clés tels que l’éducation et la nutrition.
Qu’en est-il de la protection des enfants, des adolescents et des jeunes ?
En 2024, les activités de lutte contre les violences faites aux enfants se sont poursuivies avec des séances de sensibilisation pour prévenir les violences faites aux enfants, des réponses aux cas de violence sur les enfants et la mise en place de plusieurs mécanismes communautaires dans le Nord. Pour l’état civil, nous avons apporté un appui pour la fonctionnalité de 4 pools d’état civil coordonnés par les Sg de préfecture. Au cours de cette même année, l’Unicef a poursuivi ses efforts pour renforcer les capacités des partenaires nationaux à mettre en œuvre des programmes de développement des compétences et d’employabilité des jeunes. Dans les régions du Nord frontalières au Burkina, nous avons mis en place des ambassadeurs de la paix au niveau communautaire pour mener des actions sociales communautaires en vue du renforcement de la paix et de la cohésion. Ce secteur a également permis de renforcer les compétences en vie courante de plus de 2000 adolescents et jeunes dans le Nord.
On note également que vos initiatives ont pris en compte d’autres domaines relatifs à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement ; tout comme le changement des normes sociales et comportementales. A ces différents niveaux, qu’a fait concrètement cette institution spécialisée des Nations unies, dans le Nord ?
Nous avons poursuivi nos appuis pour renforcer l’hygiène communautaire à travers la stratégie de l’assainissement total piloté par la communauté qui nous a permis d’avoir 5 sous-préfectures déclarées Fdal (respectant les critères de fin de la défécation à l’air libre) à savoir Youndouo, Togoniéré et Koumbala, dassoumgbo et kombolokoura. Des ouvrages pour améliorer l’accès à l’eau potable dans les communautés du Nord ont été réalisés avec des hydrauliques villageoises améliorées (Hva) solaires et des réservoirs d’appui dans les centres de santé, la constructions de latrines et la redynamisation des comités de gestion des points d’eau dans des localités du Nord. Au niveau du changement des normes sociales et comportementales, des appuis techniques ont été fournis aux communautés rurales de 81 localités des sous-préfectures de Ferké et de Koumbala pour l’élaboration de Plan d’initiatives communautaires et des activités d’écoute.
Quels sont les défis majeurs que vous rencontrez dans la mise en œuvre de vos programmes, notamment en matière d’éducation, de santé infantile et des opérations d’urgence ?
Avez-vous observé une amélioration significative dans les indicateurs liés à la protection de l’enfance et à la nutrition au cours des dernières années ?
Oui, au niveau de la protection de l’enfant, nous avons également une amélioration significative en matière de déclaration des naissances, de 53% en 2018, nous sommes à 58% en 2023 et probablement pour 2024, nous pourrions atteindre les 60% en attendant la confirmation des données nationales. Concernant la nutrition, les indicateurs en lien avec la disponibilité des intrants nutritionnels ont été nettement améliorés avec la réduction du nombre de jours de rupture et l’amélioration de la couverture des activités nutritionnelles. Toutefois, les efforts doivent être poursuivis. Par ailleurs, les résultats de l’enquête nutritionnelle nationale Smart 2025 qui seront bientôt diffusés pourront nous permettre d’avoir une meilleure appréciation des efforts faits par tous les acteurs de la nutrition.
L’Unicef travaille souvent en collaboration avec les autorités locales et d’autres partenaires. Comment se passe cette coopération à Korhogo ?
Je reformulerai en disant comment se passe cette collaboration avec les autorités de toutes les régions couvertes par le bureau sous-national. Elle se passe très bien. Déjà, il faut rappeler que notre programme de coopération est en appui au gouvernement ivoirien qui est représenté au niveau déconcentré par les autorités préfectorales et les directions régionales des ministères clés. Nos interventions visant au respect des droits des enfants, nécessitent la bonne collaboration avec toutes ces autorités citées plus haut mais également d’autres partenaires de mise en œuvre que sont les Ong au niveau local.
Quels sont les projets à venir de l’UNICEF à Korhogo et quelles attentes avez-vous vis-à-vis des populations et des autorités locales ?
Au niveau de l’Unicef, nous avons divers programmes qui sont implémentés selon un plan défini et validé de commun accord avec les partenaires du gouvernement. Ce plan est contenu dans le cadre de coopération mis en place entre le gouvernement de la Côte d’Ivoire et l’Unicef aligne sur le Pnd. Nous fonctionnons donc par programmes en lien avec les droits des enfants et ce sont ces perspectives à venir que nous avons relatées plus haut. Ces interventions programmatiques seront déclinées dans les régions couvertes par le bureau sous national de Korhogo pour le bien-être des populations de ces zones. Concernant nos attentes, c’est la continuité de la bonne collaboration que nous avons avec les autorités locales et également les populations bénéficiaires de nos programmes.
Interview réalisée par
Didier ASSOUMOU
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