Un violent incendie a ravagé à l’aube du mardi 10 juin 2025 aux environs de 4h30, une partie de l’unité de transformation de riz N’Zrama, située à Diabo, dans le département de Botro. Si l’intervention rapide des sapeurs-pompiers venus de Bouaké a permis de contenir les flammes et d’épargner le bâtiment principal, un camion de transport de produits agricoles a été entièrement calciné.
Ce véhicule, précieux don du ministre d’État Kobenan Kouassi Adjoumani en décembre 2023, constituait un maillon essentiel du dispositif logistique de la coopérative. « C’est un coup dur, un coup fatal pour nos efforts », confie Rebecca Yao, présidente de la société coopérative Diabo Ville Émergente, la voix chargée d’émotion. Pour elle, ce camion n’était pas un simple moyen de transport, mais le symbole d’un espoir collectif pour près de 900 femmes réparties dans 33 coopératives rizicoles de la localité. Ce n’est malheureusement pas le premier revers subi par cette unité. En 2020, le site avait déjà été vandalisé et pillé lors de la période de désobéissance civile : des équipements avaient été emportés et des documents administratifs détruits par les flammes. En 2022, un engin de pose de goudron destiné à améliorer les voies d’accès à l’usine avait également été incendié. « L’affaire avait été classée sans suite », rappelle amèrement Rebecca Yao.
Un appel pressant à la justice et à la sécurité
Face à cette série d’actes destructeurs, la présidente de la coopérative tire la sonnette d’alarme : « Cet incendie n’est pas seulement la perte d’un camion, c’est une attaque frontale contre l’autonomie économique des femmes rurales et contre le développement de toute une région. Les autorités doivent impérativement diligenter une enquête sérieuse et rapide afin d’identifier les auteurs et prévenir de futurs drames. L’avenir de 900 femmes et de leurs familles en dépend» Fondée en 2020, l’unité de transformation de riz N’Zrama ne représente pas qu’un centre de production. Elle incarne le cœur d’un ambitieux programme d’autonomisation féminine, alliant entrepreneuriat agricole, alphabétisation et formation au leadership. Grâce à cette initiative, les bénéficiaires ont vu leurs revenus tripler, s’émancipant de la dépendance au manioc et à l’anacarde. Il s’agit de la seule unité de production semi-industrielle du département de Botro, un modèle de réussite locale aujourd’hui fragilisé.
En attendant que les responsabilités soient situées, les femmes de Diabo continuent de lutter pour préserver le fruit de leurs efforts. Car au-delà des pertes matérielles, c’est tout un rêve de développement inclusif qui est aujourd’hui menacé.
Nambacéré Joël
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