Une lettre de déport, des « convenances personnelles », une convocation rejetée, un commissaire de justice séquestré : au cœur d’une affaire politico-judiciaire.
La demande de radiation de Monsieur Tidjane Thiam de la liste électorale connaît un nouvel épisode avec le retrait ce vendredi 18 avril 2025 de Me Pierre Dagbo Godé, avocat initialement impliqué dans la procédure. Une lettre de déport déposée au greffe du tribunal indique que ni lui ni son cabinet ne représenteront désormais le plaignant. Cet acte, officialisé par un document portant l’en-tête du cabinet, suscite des questions.
Pressions ou erreurs administratives ?
Me Dagbo Godé avait pourtant signé lui-même la lettre de constitution de son cabinet dans cette affaire. Bien qu’il ne plaide pas personnellement, il avait endossé le suivi du cas. Le déclic survient après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une convocation prévue pour ce 18 avril 2025, rapidement rejetée par les avocats du président du PDCI-RDA. Motif : des erreurs dans les prénoms du président du PDCI-RDA (Tidiane au lieu de Tidjane, Cheik au lieu de Cheick).
Dans la nuit du jeudi 17 avril 2025 précédant le dépôt de la lettre de déport, des partisans du PDCI-RDA annonçaient déjà sur les réseaux sociaux un communiqué pour « clarifier la situation ». Toutefois, contrairement aux rumeurs initiales, l’enrôlement de l’affaire par le cabinet Dagbo Godé ne serait ni le fruit d’une « malice », d’une « ruse » ni d’une simple erreur. La formule « convenances personnelles » utilisée pour justifier le retrait évite soigneusement de détailler les raisons réelles.
Le PDCI-RDA sous pression
Cette affaire intervient dans un contexte préélectoral où chaque mouvement judiciaire est scruté. Des militants du PDCI-RDA, déjà en alerte après les erreurs de convocation, dénoncent une « instrumentalisation de la procédure ». Pour certains observateurs, le retrait de Me Dagbo Godé pourrait traduire des pressions visant à désolidariser le cabinet d’un dossier politiquement sensible.
Un dirigeant du PDCI-RDA confie : « Quand des erreurs aussi basiques apparaissent sur des documents officiels ou judiciaires, cela nourrit des doutes. On se demande si c’est de l’incompétence… ou une manœuvre, un piège. » Aux dernières nouvelles, le commissaire de justice parti déposer au cabinet de Maître Blessy Chrysostome une nouvelle convocation pour Tidjane Thiam, suite aux erreurs évoquées, a été séquestré, selon des sources proches du concerné. « Les portes ont été refermées sur lui. Il n’est pas libre de ses mouvements. L’objectif est d’entraver la procédure. Le procureur a été informé et la police doit se rendre sur les lieux », a appris Afrikipresse.
Quelles suites pour la radiation de Thiam ?
Aucune réponse claire n’a été apportée pour l’instant. La radiation de Thiam reste en suspens, et le tribunal n’a pas encore statué dans la procédure, après le rejet des demandes par la CEI. Le plaignant, que le cabinet ne veut plus défendre, devra désormais trouver un nouveau représentant légal, tandis que le PDCI-RDA promet de « tout mettre en œuvre pour défendre [ses] droits ».
Charles Kouassi
Lire l’article original ici.