Le 30 juillet dernier, le Conseil des ministres a adopté une communication relative à la mise en œuvre du projet IMDE (Initiative Multipartite pour le Développement durable de l’Exploitation Minière Artisanale et à Petite Échelle de l’or). Cette décision s’inscrit dans une série de mesures récentes visant à encadrer durablement le secteur minier, pour se prémunir des prédations étrangères dans ce secteur stratégique.
Le projet IMDE, piloté par gouvernement avec le soutien de la Banque mondiale et du World Gold Council, vise à formaliser un secteur qui emploie près d’un demi-million de personnes mais souffre d’informalité, de violations réglementaires et de contrebande. Cette initiative s’appuie sur trois axes majeurs : la création de partenariats structurés, la mise en place de mines modèles et la création d’une plateforme nationale de gouvernance.
Les bienfaits de ce projet seront multiples. D’abord, il permettra de lutter contre le commerce illicite de l’or, évalué à plus de 40 tonnes en 2022, soit une perte de plus de 2 milliards de dollars pour le pays. Ensuite, il favorisera la traçabilité de l’or produit, garantissant ainsi sa commercialisation sur les marchés légaux. Enfin, il intégrera les petits exploitants dans des circuits d’exportation transparents, améliorant leurs conditions de travail et leurs revenus.
Pour s’assurer du bon encadrement des mines d’or, plusieurs mesures sont mises en place. Le gouvernement a doté les directions minières de drones de surveillance de dernière génération, capables de couvrir de vastes zones difficilement accessibles et de détecter rapidement les exploitations illégales. Par ailleurs, des partenariats ont été établis avec des compagnies minières industrielles comme Endeavour Mining et Perseus Mining pour former les petits orpailleurs et les aider à se conformer aux normes environnementales et sociales.
Des mesures préventives contre la prédation étrangère
La Côte d’Ivoire semble déterminée à éviter les dérives observées dans certains pays voisins où l’exploitation minière profiterait davantage à des acteurs étrangers qu’aux populations locales. Alors que des rapports évoquent des zones sous contrôle russe de facto au Mali et des liens troubles entre groupes paramilitaires russes et exploitation minière en Centrafrique, Abidjan mise sur la transparence et la gouvernance inclusive. Les efforts ivoiriens contrastent avec les situations où des structures militaires étrangères, comme Africa Corps, seraient impliquées dans la sécurisation de sites miniers au profit d’intérêts extérieurs. Alors que des ONG s’inquiètent d’une dépendance sécuritaire croissante à l’égard de puissances étrangères, la Côte d’Ivoire privilégie une approche nationale et multipartite, associant tous les acteurs du secteur.
L’exemple de Tolédougou, où les revenus de l’exploitation aurifère ont permis la construction d’infrastructures sociales comme une école primaire et une pompe hydraulique, illustre les bénéfices d’une petite mine bien encadrée. Cette localité du département de Dabakala montre qu’une exploitation responsable peut contribuer au développement local, contrairement à des modèles où les ressources minérales semblent alimenter des conflits ou des réseaux criminels.
Constantine.
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