Dans une déclaration ferme et sans détour, lue ce jeudi 24 avril à Abidjan, le ministre d’État Kobenan Kouassi Adjoumani, porte-parole principal du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), a tenu à clarifier la position de son parti face à la polémique suscitée par la radiation de Tidjane Thiam, président du PDCI, de la liste électorale.
Le RHDP dit avoir gardé le silence jusqu’ici par souci de retenue, préférant laisser les faits parler d’eux-mêmes. Mais, selon le ministre Adjoumani, face à la « campagne d’intoxication » orchestrée par l’opposition, et notamment par le PDCI, un droit de réponse devenait nécessaire.
Il a dénoncé « une volonté délibérée » de ternir l’image du Président de la République et du RHDP en les accusant, sans preuve, de manipuler la justice pour écarter un adversaire politique.
Le porte-parole du RHDP a rappelé que la radiation de M. Thiam de la liste électorale est intervenue à la suite d’une décision judiciaire, basée sur l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne.
Cet article prévoit que tout Ivoirien majeur qui acquiert une autre nationalité perd automatiquement sa nationalité ivoirienne. En l’espèce, M. Thiam, naturalisé français en 1987, n’a entamé que récemment – en mars 2025 – la procédure pour abandonner la nationalité française. Il n’était donc pas exclusivement Ivoirien au moment de son inscription sur la liste électorale, condition requise pour être éligible.
Adjoumani a rappelé que ce n’est pas le RHDP qui a saisi la justice, mais bien des militants du PDCI eux-mêmes, qui ont contesté la régularité de la candidature de leur président. Il a insisté : « Ce contentieux est interne au PDCI. Le RHDP n’y est pour rien. »
Selon le ministre d’Etat, tout est parti de la déclaration publique de Tidjane Thiam, le 7 février 2025, dans laquelle ce dernier annonçait avoir entamé les démarches pour abandonner sa nationalité française.
« Cet aveu a suffi à réveiller l’article 48 du Code de la nationalité, jusque-là ignoré du grand public », a-t-il ironisé, comparant la situation à celle d’un individu qui se rend de lui-même au commissariat pour avouer un crime jusqu’alors inconnu.
En conclusion, Adjoumani a lancé un appel à la classe politique ivoirienne pour plus de responsabilité et de respect des institutions républicaines. Il a insisté sur la nécessité de respecter la séparation des pouvoirs et rejeté toute tentative de manipulation de la justice par l’exécutif.
« Le Président de la République est le garant de la Constitution. Il ne peut pas interférer dans une procédure judiciaire un jour, et s’en abstenir un autre, au gré des intérêts politiques. L’État de droit commence par le respect de la loi », a-t-il martelé.
Par cette sortie médiatique, le RHDP entend marquer une ligne rouge face à ce qu’il considère comme une instrumentalisation politique d’un dossier purement juridique. Le parti au pouvoir rappelle qu’il n’est ni à l’origine de la procédure, ni concerné par le fond de l’affaire, tout en appelant à une campagne présidentielle apaisée et conforme à l’esprit républicain.
Wassimagnon
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