Procès policiers au TMA
La justice ivoirienne a rendu son jugement dans l’affaire qui a ému l’opinion publique des deux côtés de la frontière. Deux agents de police ont écopé de peines de prison ferme à Abidjan, pour leur rôle dans les événements ayant conduit au décès de Dimba Sow, un Sénégalais de 57 ans, survenu en janvier 2025.
Le 20 janvier, profitant d’une initiative personnelle et non autorisée, les sergents de police B.R.Y.S et B.N.R.K ont mené une intervention nocturne dans un immeuble de la capitale économique ivoirienne. Dépourvue de toute légitimité légale et sans en informer leur supérieur, les deux agents affirmaient vouloir démanteler un prétendu réseau de prostitution. Cette intervention les a menés jusqu’à l’appartement où séjournait M. Sow, visiblement étranger à toute activité criminelle. Réveillé en pleine nuit, maltraité, accusé à tort, l’homme a été contraint de quitter son immeuble, traîné dehors comme un délinquant présumé.
La situation s’est rapidement détériorée. Pendant que des voisins tentaient de raisonner les policiers, les événements ont pris une tournure lamentable. M. Sow, manifestement submergé par le stress et le choc, s’est effondré subitement. L’un des agents a brièvement essayé de lui prêter assistance, mais ils ont ensuite quitté les lieux avant que les secours n’arrivent. Ces derniers n’ont pu que constater le décès à leur arrivée.
Saisi de l’affaire, le Tribunal militaire d’Abidjan a traité les faits avec sévérité. Le sergent B.R.Y.S, âgé de 30 ans, a été reconnu coupable de multiples infractions, incluant abus d’autorité, voies de fait, non-assistance à personne en danger, homicide involontaire et violation de consigne. Il a été condamné à 18 mois de prison ferme et doit s’acquitter d’une amende de 300 000 FCFA. Son collègue, B.N.R.K, 28 ans, a reçu une peine de 12 mois de prison ferme pour des chefs d’accusation similaires, dont abandon de poste et homicide involontaire, accompagnée de la même amende.
Durant le procès, les deux hommes ont d’abord nié les faits, avant d’admettre leur responsabilité dans le déroulement des événements. À l’issue de l’audience, des excuses officielles ont été présentées à la famille du défunt ainsi qu’au peuple sénégalais. Ce drame relance le débat sur les dérives policières, les abus de pouvoir et la nécessité d’un meilleur encadrement des forces de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions.
Jean Chresus, Abidjan
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