Le défunt (Ph Koaci)
Ce qui aurait dû être une fête du sport et de la jeunesse a laissé place à la colère, à la douleur et à l’indignation.
Dans le département de Béoumi, un tournoi de Maracana entre villages a connu une fin tragique. La finale, opposant Djacôhou à Assengou, s’est achevée dans la tension après une victoire d’Assengou aux tirs au but. Une défaite que des jeunes du village hôte, Djacôhou, n’ont manifestement pas digérée.
La suite a été d’une violence inattendue. Alors que les joueurs d’Assengou tentaient de regagner leur village, certains ont été pris à partie. Le jeune Annicet, 13 ans, élève en classe de 5e et venu simplement soutenir les siens, n’a pas pu s’échapper. Selon plusieurs témoins, il a été violemment frappé, avant qu’un joueur de l’équipe adverse, identifié comme le n°14 de Djacôhou, ne lui lance une pierre en pleine tête. Touché également à la poitrine, Annicet a été transporté d’urgence dans une officine de Bouaké.
Pendant quelques jours, sa famille a espéré un miracle. Mais le choc a été trop violent. L’enfant succombe à ses blessures. Le rapport d’autopsie confirme l’irréparable : un traumatisme crânien et thoracique sévère. Le choc laisse sa famille et toute une communauté dans une profonde détresse.
Mais au chagrin s’ajoute une incompréhension grandissante. Bien que l’agresseur présumé ait été clairement identifié, la gendarmerie locale, saisie par les proches du défunt, n’a procédé à aucune arrestation. Elle évoque la nécessité de suivre la procédure en ouvrant d’abord une enquête. Une position difficilement acceptable pour les proches, d’autant plus que le suspect serait le neveu du maire de Béoumi. Cette proximité avec une figure politique locale fait naître des soupçons d’ingérence et d’obstruction à la justice.
La famille d’Annicet ne cache plus sa colère. Elle demande que la lumière soit faite, que les responsabilités soient établies, et surtout que justice soit rendue. Elle alerte également sur les risques de justice populaire si les autorités compétentes ne prennent pas rapidement leurs responsabilités. Le sentiment d’abandon et d’injustice est palpable au sein de la population, qui exige des réponses du commandement de la gendarmerie nationale.
La levée du corps d’Annicet fut organisée le samedi 3 mai et a été marquée par une vive émotion. Un garçon de 13 ans, fauché au milieu d’un match de village, alors qu’il rêvait simplement de sport et de partage. Derrière les larmes et les silences lourds, une question revient avec insistance : jusqu’à quand l’impunité étouffera-t-elle la justice ?
Jean Chresus, Abidjan
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